Très présente dans les nombreuses mythologies et religions, la myrrhe faisait partie des essences aromatiques les plus utilisées par les générations et civilisations anciennes. Aujourd’hui, la myrrhe est surtout utilisée en parfumerie, notamment dans les parfums de type oriental. Toutefois, cette gomme-résine aromatique est aussi une réelle source de bienfaits pour la santé. Possédant de nombreuses vertus antiseptiques, cicatrisantes ou encore anti-inflammatoires, elle sert en effet à soulager et à traiter de nombreux maux à travers le monde. Découvrez tous ce qu’il faut savoir sur la myrrhe dans cet article.

 

Histoire de la myrrhe

Lorsqu’on évoque la myrrhe, on pense aussitôt à l’histoire chrétienne des rois mages. « Ils prirent la route, guidés par une étoile en direction de Bethléem afin de rendre hommage à l’Enfant Jésus. Balthazar, Melchior et Gaspar ont apporté chacun une offrande dont la myrrhe, l’or et l’encens ». Symbole de souffrance future et de finitude, la myrrhe représente la mise à mort future de cet enfant divin et annonce la passion du Christ. On associe aussi l’odeur de la myrrhe à l’amertume d’une vie humaine. En outre, on savait que la myrrhe faisait partie des produits précieux du commerce international à cette époque. Considérée comme arbre aromatique divin, la résine de l’arbre à myrrhe était fortement prisée et son coût été très élevé.

 

C’est une des essences les plus anciennes. On retrouve sa trace dans les textes égyptiens datant de 2000 ans avant Jésus Christ. Selon les récits historiques, la reine Hatchepsout a ramené une trentaine d’arbres sacrée, dont l’arbre à myrrhe de ses expéditions, afin de les replanter en Égypte. En ces temps anciens, la myrrhe était utilisée dans l’embaumement et dans la composition du kyphi. Cette substance résineuse était aussi très employée dans la vie courante comme médicament, pour la toilette, mais également en tant qu’aphrodisiaque. Les Égyptiens brûlaient en outre tous les matins de la myrrhe lors de leur culte d’adoration de leur dieu, Râ, le dieu soleil. Chez les Juifs, elle entre aussi dans la composition de l’huile d’onction sacerdotale. Ils la mélangeaient avec du vin pour obtenir un breuvage sédatif que l’on donnait aux malades et aux mourants  afin de soulager leurs souffrances aussi bien physiques que psychiques. On utilisait la myrrhe sous forme d’encens pour purifier l’environnement. Effectivement, c’est l’encens la plus utilisée dans les églises.

 

Dans les croyances anciennes, l’action de la myrrhe serait diffusée sur le corps physique, émotionnel et spirituel. En effet, elle dispense son énergie dans les quatre directions du corps soit verticalement pour faire circuler le sang de la tête jusqu’au bassin et aux pieds. Tout en ouvrant le thorax et en faisant relâcher les muscles du dos, son énergie circule aussi horizontalement, le long des bras et des mains. Cela signifie qu’elle dissipe le poids qui pèse sur l’épaule et sur le cœur. La myrrhe apporte ainsi le réconfort et l’apaisement en profondeur. Elle permet alors d’entrer en contact avec l’âme. Une autre croyance parle de l’énergie de la myrrhe comme un moyen d’ouvrir le chakra du cœur. Il s’agit alors d’une chaleur qui se diffuse à travers la circulation sanguine jusqu’aux extrémités du corps et permet d’entrer en contact avec le monde extérieur, notamment en créant des liens avec les autres personnes.

 

Au Moyen-Orient, la myrrhe était employée dans la médecine traditionnelle comme anti-inflammatoire contre les douleurs rhumatismales. En médecine traditionnelle chinoise, elle était associée à d’autres plantes pour traiter les blessures traumatiques, les hémorroïdes et pour stimuler la bonne circulation du sang en cas d’absence de menstruations ou de douleurs menstruelles. Par ailleurs, en médecine ayurvédique, la myrrhe était surtout utilisée dans le traitement des ulcères buccaux, de la gingivite et de la pharyngite. Aux États-Unis comme en Europe, la myrrhe appartenait déjà à la pharmacopée officielle. En effet, elle est un principe actif très reconnu qui entre dans la composition de nombreuses préparations médicinales notamment celles destinées à traiter les inflammations des muqueuses de la bouche et de la gorge.

 

Qu’est ce que la myrrhe ?

La myrrhe est extraite de la résine de l’arbre à myrrhe connue sous le nom de Balsamier. De son nom scientifique Commipohora myrrha, cet arbre appartient à la famille des Burseraceae. Il est originaire de l’Afrique de l’Est ainsi que de la péninsule Arabique. On le retrouve donc dans des régions sèches comme les Yémen et le Oman ou encore l’Éthiopie, le Soudan, la Somalie, le Kenya et le Djibouti. Cet arbre à myrrhe contient 30 % à 60 % de gomme, 25 % à 40 % de résine, 3 % à 8 % d’huile essentielle, dont l’herabolène, l’eugénol et les furanosesquiterpènes ainsi que des polysaccharides.

 

Cet arbuste peut atteindre une hauteur de 1 à 6 mètres et possède des branches écailleuses, noueuses et épineuses. Ses feuilles sont assez petites et ont une forme ovale. Elles sont composées de trois folioles inégales. C’est à la fin de l’été, vers la fin du mois d’aout que se produit sa floraison. Le balsamier se recouvre alors de fleurs rouge-orangé ou blanches et pendant que son tronc, d’un diamètre d’environ 30 cm se boursoufle de nœuds. De ces boursouflures va alors s’écouler la myrrhe. En effet, après avoir fait une petite incision sur ces nœuds, la résine va en sortir sous forme de petites larmes jaunes qui sera recueilli une fois séchées. Cette résine est très odoriférante et son goût est un peu amer. En arabe, le mot mur signifie même amer.

 

Les différents types d’arbres à myrrhe

Appartenant à la famille botanique de l’encens, il existe plus de 200 espèces de commiphora. En aromathérapie et en parfumerie, les espèces les plus utilisées sont la myrrhe amère dont le commiphora myrrha, le commiphora molmol, le commiphora abyssinica et la commiphora schimperi. On retrouve aussi d’autres espèces comme la myrrhe douce ou opoponax, le commiphora erythraea et le baume de laa Mecque ou le commiphora opobalsamum.

 

Propriétés et bienfaits de la myrrhe

La myrrhe est principalement composée de 2 — méthyl -5 — isopropényl durane, de delta élémène, de bêta élémène, d’alpha copaène, de curzérène et de la curzérone, ainsi que du méthyl-isobutyl et du 3-méthyl-1, 2 — buténal. Elle contient également du myrrhol qui renferme des santalènes, des bergamotènes, des farnésènes et des furanodiènes dont les terpènes, les triterpènes, les sequiterpènes furanosesquiterpènes, les aldéhydes et les acides.

 

La myrrhe est avant tout un ingrédient cosmétique idéal pour le soin de la peau. Outre ses qualités exceptionnelles en parfumerie, elle est aussi connue pour ses propriétés cicatrisante, anti-infectieuse et anti-inflammatoire. En effet, elle permet de traiter les abcès, le coup de soleil, les vergetures et l’eczéma. Elle est également indiquée en cas de cicatrisation difficile. Son pouvoir astringent et cicatrisant lui permet aussi de traiter les hémorroïdes et les inflammations cutanées. C’est aussi un excellent produit pour lutter contre les acnés. On lui attribue en outre des propriétés réparatrices et régénérantes. On l’utilise également comme soin anti-âge, car elle permet d’améliorer l’état des peaux squameuses, abîmées et crevassées et les peaux gerçures.

 

La myrrhe est aussi employée pour traiter les inflammations et les ulcères de la bouche tels que les aphtes, les brûlures de la gorge  et les gingivites. En cas d’inflammation de la muqueuse buccale, d’amygdalite et de pharyngite, elle agit comme un expectorant. Ses composants acides, notamment l’acide acétique, lui permettent aussi de participer à la prévention des troubles de la sinusite. La myrrhe possède un pouvoir décongestionnant des voies respiratoires. Elle désencombre les bronches et les sinus et évite que les microbes s’y développent rapidement. La myrrhe a également une fonction régulatrice endocrinienne. Elle stimule ainsi la thyroïde. Il est déconseillé ainsi de l’utiliser chez les personnes souffrant d’hyperthyroïdie.

La myrrhe possède aussi des vertus purifiantes et assainissantes. Elle permet aux personnes stressées et anxieuses de mieux se relaxer et de se détendre. Calmante, la myrrhe favorise également la méditation. Elle aide à se redresser des blessures psychiques et morales et permet de traiter différents troubles nerveux. Cette résine est aussi indiquée en cas d’arthrose et de douleurs articulaires. Elle permet en outre de soulager les dysenteries, les colites et la diarrhée. Elle est également connue pour ses propriétés anaphrodisiaques. Elle est indiquée en cas d’obsession sexuelle.

 

La myrrhe : indications et posologie recommandée

La voie cutanée est la voie d’administration la plus appropriée de la myrrhe. La voie aérienne, l’inhalation et la diffusion sont aussi intéressantes. En application cutanée (bain, compresse froide, massage), elle est indiquée en cas de faiblesse immunitaire, d’hyperactivité, de psoriasis, d’infection bactérienne ou virale, de mal de gorge, de plaies ou de stress. Par voie respiratoire, elle est prescrite en cas de mal de gorge, de nervosité, de stress, de bronchite, d’énurésie et de faiblesse immunitaire causée par des infections bactériennes et virales.

 

L’encens en grains de myrrhe

Pour des soins cosmétiques et applications locales, il est possible d’utiliser des cristaux ou grains de résines de myrrhe. Pour ce faire, on fait dissoudre environ 20 g de cristaux dans 90 % d’alcool à froid. Après l’avoir fait macérer puis filtrer, on peut l’incorporer dans des baumes cosmétiques, dans des shampooings (à faible proportion soit 0,5 % maximum), ainsi que dans des laits et crèmes corporels. On peut aussi l’incorporer dans une émulsion ou en mélange avec une préparation huileuse dans le but d’avoir un confort respiratoire ou un assainissement intestinal. Il suffira en fait de l’appliquer localement en massage ou en friction sur le torse, la partie haute du dos ou sur l’abdomen. En fumigation, la résine de myrrhe s’utilise pour purifier et assainir l’air dans les pièces de la maison. Pour ce faire, on a besoin de charbon de bois ardent ou d’une pierre chauffée à incandescence, d’une bougie ou d’une autre source de chaleur et des cristaux de myrrhe ainsi que d’un brûle-encens ou encensoir. Après avoir allumé un côté du charbon jusqu’à ce qu’il crépite et rougisse, on le pose sur la grille du brule-encens et on y dépose ensuite quelques grains. Il ne faut pas en mettre trop pour éviter d’étouffer le charbon ardent. Aussi, si les grains ou morceaux d’encens de myrrhe sont trop gros, il est conseillé de les réduire en poudre dans un mortier avec un pilon. On peut aussi brûler l’encens en grains de myrrhe avec de l’encens de pontifical. Il est également possible de fabriquer une décoction à base de résine de myrrhe qui pourra servir d’ailleurs de bain de bouche ou de remède par voie orale.

 

L’huile essentielle de myrrhe

Pour obtenir l’huile essentielle de myrrhe, il faut distiller la sève de l’arbre préalablement récoltée et séchée. Appelée larmes de myrrhe, cette résine se colore en brun orangé au contact de l’air et se cueille facilement. L’huile essentielle de myrrhe est très connue en aromathérapie. Cette huile essentielle est très prisée pour ses propriétés anti-infectieuses. Elle est alors notamment conseillée en application cutanée tel un baume protecteur. Cette huile essentielle stimule l’immunité et la vitalité. On l’indique notamment pour traiter les problèmes pulmonaires pour cibler surtout le thymus, l’ensemble des ganglions lymphatiques sous les oreilles, la voûte plantaire ainsi que le nez.

 

En phytothérapie, cette huile essentielle est surtout utilisée par voie externe comme un antiseptique. Il est alors préconisé dans le traitement des petites plaies après un lavage convenable de la zone à traiter. Cette thérapie l’indique aussi comme antalgique dans le traitement des affections de la cavité buccale et du pharynx. On retrouve surtout la myrrhe en commerce sous forme d’huile essentielle et de teinture mère. En cas d’irritations et de blessures cutanées légères, il faut appliquer quelques gouttes de cette teinture mère, non diluée sur la partie atteinte. Il faut répéter l’application deux à trois fois par jour. Pour la préparation d’un rince-bouche, il faut diluer 10 à 15 gouttes de teinture mère dans environ 30 ml d’eau tiède. Cette essence de convient pas aux enfants.

 

L’huile essentielle de myrrhe est très visqueuse. Néanmoins, elle peut être utilisée en diffusion. Seulement, il est conseillé de la diluer à 5 ou à 10 % maximum dans d’autres huiles essentielles afin de ne pas encrasser le diffuseur.

 

Pour reconnaître une bonne huile essentielle de myrrhe, il faut vérifier qu’elle possède les caractéristiques suivantes. Du côté organoleptique, elle doit avoir l’aspect d’un liquide légèrement, voire très visqueux. Elle doit aussi avoir une couleur jaune ambrée à brun et dégager une odeur boisée, épicée et chaude. Du côté physique, cette huile essentielle devrait avoir une densité à 20 °C de 0,995 à 1,040 et un indice de réfraction de 1,518 à 1,531. Enfin, du côté biochimique, il doit contenir 10 % à 40 % de curzérène, 3 % à 13 % de linderstrène, 3 % à 10 % de bêta-élémène et 50 % à 52 % de furanoeudesma-1, 3 — diène.

 

Précautions d’emploi et contre-indications à respecter

Il faut savoir que la résine de myrrhe est soluble dans l’alcool à 90 ° et les émulsions. En revanche, elle est insoluble dans de l’eau, dans les gels aqueux, dans les corps gras comme l’huile, les beurres végétaux, les baumes ainsi que dans les bases lavantes. La myrrhe doit toujours être prise avec modération. Il est en effet essentiel de respecter la posologie indiquée pour éviter une surconsommation et les risques que cela pourrait causer.

 

Dans le cadre d’une fumigation, il faut prendre toutes les précautions et rester vigilant. Il est alors conseillé d’éloigner tous les objets inflammables avant l’opération et de poser l’encensoir sur un support sûr qui ne craint pas la chaleur. Une fois la fumigation terminée, il sera nécessaire de passer le charbon sous l’eau avant de le jeter.

 

Il est possible que la teinture mère de myrrhe provoque des cas d’irritations ou d’inflammations cutanées. Pour prévenir ces risques, il est toujours préférable de diluer la teinture avant de l’utiliser en application. Il est aussi primordial de diluer à hauteur de 20 % l’huile essentielle de myrrhe dans une huile végétale avant tout usage cutané. Il est même conseillé de faire un test dermatologique 24 heures avant son application.

 

L’usage interne de la myrrhe est contre-indiqué chez les femmes enceintes. En effet, la myrrhe peut stimuler l’utérus et avoir alors un effet abortif durant la grossesse. Par ailleurs, on ne dispose pas de données et d’études suffisantes pour affirmer ou confirmer l’innocuité de la myrrhe par voie interne durant l’allaitement. Par précaution, la myrrhe est alors déconseillée aux femmes allaitantes. L’usage de l’huile essentielle de myrrhe par voie orale est contre-indiqué chez les enfants de moins de six ans ainsi que chez les personnes souffrant d’hémorroïdes. Un avis médical est indispensable pour les sujets asthmatiques et épileptiques avant l’utilisation de l’huile essentielle de myrrhe.

 

Il n’existe à l’heure actuelle aucune donnée connue sur les interactions entre la myrrhe et des médicaments ou encore entre la myrrhe et autres suppléments alimentaires à base de plantes. Pour autant, il est recommandé de rester prudent lorsque l’on associe cette résine avec des traitements allopathique ou produit de phytothérapie. Il vaut mieux donc avoir l’avis d’un professionnel de santé.

 

Par ailleurs, en cas de doute, il est toujours préférable de demander l’avis de son médecin ou de son pharmacien avant d’utiliser la myrrhe pour ses soins ou avant de l’associer à n’importe quel autre traitement.

 

Quels sont les effets secondaires possibles de la myrrhe ?

Comme tout autre produit médicamenteux, les dérivés de la myrrhe peuvent provoquer des effets secondaires et indésirables chez certaines personnes sensibles. Il faut savoir que ces effets ne sont pas systématiques chez tout le monde. Ainsi, quelques cas d’irritations et d’inflammations cutanées ont été rapportés, notamment chez des sujets ayant une peau sensible.

 

En outre, par voie interne, des doses supérieures à 2 grammes de myrrhe par jour peuvent également causer une irritation rénale et entraîner de la diarrhée. En cas de consommation de quantités élevées de myrrhe, de graves troubles cardiaques surviennent. Les femmes enceintes peuvent être victimes de fausses couches. Cela peut aussi empirer la fièvre et les problèmes utérins tels que les saignements.