Modes d’usage de l’aubier de tilleul
L’aubier de tilleul peut être utilisé en interne comme en externe. Il est consommé sous forme d’ampoule, de gélule, de préparation pour boisson, en extrait hydroalcoolique concentré ou en bâton. Dans ce dernier cas, les principes actifs sont extraits à froid et sont moins concentrés. Il est donc nécessaire d’en prendre 1 à 3 ampoules par jour. Cette présentation est conseillée en cas de coliques néphrétiques, car elle est disponible en petites doses concentrées.
Quant aux bâtons, ils s’utilisent en décoction. Il faut faire bouillir 40 g d’aubier de tilleul dans un litre d’eau durant 20 minutes sans couvrir. Après ce délai, il reste normalement ¾ de litre de décoction, à boire durant la journée à distance des repas. La tisane a un goût agréable et peut être bue froide ou chaude. Sachez que l’ampoule et la décoction ont une action préventive. La cure dure 10 jours pour remettre de l’ordre dans l’organisme ou traiter tous les phénomènes inflammatoires. Elle peut s’étendre sur 3 semaines pour des problèmes plus spécifiques. La présentation sous forme de bâton conserve toute la richesse de la sève et la décoction garantit une réelle efficacité.
En parallèle, il faut boire beaucoup d’eau (2 à 3 litres d’eau par jour) pour favoriser l’élimination des cristaux, des boues et des liquides qui encombrent l’organisme. La décoction est intéressante dans la mesure où la cellulose dure retient les principes actifs, quand on utilise des bois ou des racines.
Concernant l’extrait hydroalcoolique concentré, il faut prendre 2 à 3 ml par jour dans un verre d’eau, pendant 3 semaines. Pour les gélules, prenez 1 à 3 fois par jour avec un grand verre d’eau. Dans le cas de la préparation pour boissons adoucies au miel de tilleul ou à la fleur, administrez aux enfants 50 ml par jour durant 20 jours.
Quel que soit le mode de conditionnement du produit à base d’aubier, la consommation respecte le produit d’origine sans le transformer. Tous les principes actifs sont conservés et ne nécessitent aucun ajout. Pour information, la boisson au tilleul et les ampoules prêtes à l’emploi sont mises au point par le spécialiste français de La Gravelline. Avec la collaboration d’un laboratoire, l’extraction du produit se fait à froid suivant les règles strictes de la méthode Demeter. Le conditionnement en ampoule est plus rapide et plus pratique, tout en conservant tous les principes actifs.
Dans le cas de l’application externe, c’est un adoucissant et un antiprurigineux, car il évite les démangeaisons.
Notez toutefois que l’aubier de tilleul est proscrit pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 12 ans. Respectez la durée du traitement sans dépasser les 3 semaines, car l’aubier est très drainant.
Récolte de l’aubier de tilleul
La sève est récoltée dans le sud de la France sur les Tilia Sylvestris, à savoir des tilleuls sauvages à petites feuilles. Elle se cueille quand elle est bien montée, dans le courant du mois de juin. En effet, à cette époque, l’aubier est plein de sève qui glisse facilement sur les mains. La récolte dure 6 à 8 semaines. Durant cette période, les arbres sont coupés et écorcés. Les plaques d’aubier sont séchées en plein air ou dans des hangars aérés, puis détachées de l’écorce et découpées en bâtonnets de 20 cm. Elles seront ensuite envoyées à l’herboristerie qui se chargera du conditionnement.
Les arbres doivent avoir entre 20 à 25 ans avant d’être récoltés. Seuls les grosses branches et les troncs sont utilisés. Ils sont disposés à plat sur le sol pour faire circuler librement l’air et favoriser une dessiccation naturelle de l’écorce.
Les tilleuls dont on extrait l’aubier sont minutieusement sélectionnés, notamment en fonction de l’origine géographique de l’arbre. Les tilleuls sauvages méditerranéens sont riches en minéraux. Celui issu de la variété sauvage de la Vallée du Vallespir, aux pieds du Canigou, au plus haut sommet des Pyrénées Orientales, est aussi riche en molécules actives. Les tilleuls sauvages du Roussillon tirent leurs propriétés curatives des principes actifs dans l’eau et le sol des Pyrénées, à 1000 m d’altitude. La région est réputée pour ses stations thermales, d’où elle tire la richesse de ses eaux et terrains. D’ailleurs, les médecins recommandent les cures antirhumatismales dans la station thermale d’Amélie-les-Bains pour compléter les soins. L’origine de l’aubier de tilleul est certifiée par l’agriculture biologique. Si les extraits d’aubier sont concassés ou de mauvaise qualité, les principes actifs sont moins concentrés, ce qui ne serait pas bénéfique pour la santé.
La famille Tenas s’occupait et s’occupe toujours de la récolte des aubiers de tilleul. Le père, à la fois récolteur et bûcheron, a transmis son savoir-faire à son fils. Cette famille possède la dernière scierie de la région la Gravelline. Elle est à la fois le fournisseur et la seule entreprise spécialisée dans sa commercialisation. Elle n’a donc pas de concurrent. Seuls les compléments alimentaires de la Gravelline sont garantis pour leur qualité. Ils sont élaborés avec les extraits des tilleuls sauvages. L’entreprise propose d’ailleurs des garanties spécifiques sur l’aubier de tilleul. La récolte se fait uniquement entre 700 à 1000 m d’altitude, lors de la montée de la sève sur le tilleul sauvage de Roussillon. Cela a permis à Gravelline d’obtenir l’appellation de culture biologique.
Découverte de l’aubier de tilleul
Le tilleul, en particulier ses fleurs et ses feuilles qui ont des propriétés calmantes et sédatives, est utilisé depuis toujours. Ce n’est donc pas un arbre étranger à la pharmacopée traditionnelle. Au XVIe siècle, ses fleurs et feuilles étaient séchées pour être consommées ensuite sous forme de tisanes. C’est même un des remèdes les plus connus en phytothérapie à l’époque. Toutefois, l’aubier ne sera connu qu’au XXe siècle. Celui-ci est riche en éléments nutritifs, car il contient des principes actifs que l’on ne trouve nulle part ailleurs. En 1709, on a découvert que l’aubier de tilleul est bénéfique pour la digestion. En 1916, des chercheurs ont démontré qu’il est efficace sur les calculs rénaux (lithiase urique), car il contient de la tilliadine mélangée avec du phloroglucinol antispasmodique.
Les amérindiens se servaient du bois de tilleul pour élaborer des infusions thérapeutiques en vue de soulager les inflammations et les douleurs. S’inspirant de ces pratiques, l’instituteur des Pyrénées orientales a découvert les vertus de l’aubier. Cependant, ses propriétés ne sont révélées que par Raymond Cahen, l’inventeur de Spasfon. Le ministre des Finances d’Henri IV, Sully, avait même ordonnée de planter un tilleul et de garder les fleurs pour l’usage unique des hôpitaux.
Les propriétés de l’aubier de tilleul ont inspiré beaucoup de docteurs qui en ont fait des thèses en pharmacie. Le docteur Jean Morel évoque les propriétés antispasmodiques et drainantes de ce bois, dans son « Traité de Phytothérapie ». Il le recommande dans les cas de troubles digestifs et des régimes amincissants. Dans son « Etude Pharmacologique de l’Abier Tilia sylvestris », le Dr Cahen, repris par le Dr Valnet, a démontré les propriétés diurétiques de l’aubier de tilleur et son action dissolvante sur l’acide urique. Physiologiste et professeur en médecine, Léon Binet a décrit l’effet hypotenseur de l’aubier de tilleul, ses propriétés antispasmodiques, cardiovasculaires et décontractantes. Il a appuyé ses travaux à l’aide des témoignages de personnes malades et qui ont guéries après avoir souffert de problèmes d’arthrite, de sciatique, de calculs rénaux ou biliaires.
L’aubier de tilleul était utilisé pour ses bractées avant que François Domenach ne s’en serve en 1916 pour soigner sa lithiase urinaire. Pour cela, il avait utilisé des infusions d’écorce de tilleul sauvage. Il souffrait constamment de calculs rénaux (gravelle à l’époque) et avait entendu parler de l’utilisation du tilleul par les Indiens. Il décida alors de l’utiliser en décoction pour calmer les douleurs intenses. Le résultat fut concluant, ce qui l’incita à entreprendre des recherches afin de trouver la formule pour soigner la lithiase urinaire. Même si ses études étaient laissées de côté, le laboratoire Lafon a lancé le Vibtil dans les années 50, destiné à apaiser les douleurs d’origine biliaire. Le Spasfon est apparu 10 ans plus tard.
