Même s’il n’est pas considéré comme un oligo-élément essentiel, le bore reste un minéral important pour le bon fonctionnement du corps humain. Il faut toutefois savoir que son caractère essentiel pour l’organisme est encore ouvert au débat. Intervenant dans tout l’organisme, il joue notamment un rôle dans la formation des os, la fabrication des globules rouges et des cellules du système immunitaire.

 

Historique du bore

Le bore a été isolé pour la première fois en 1808 par les chimistes et chercheurs Joseph Gay-Lussac, Louis Thenard et Sir Humphrey Davy. À l’époque, il était surtout utilisé comme pesticide agricole et comme agent de conservation alimentaire. Il faudra attendre la seconde partie du XXe siècle pour connaître ses bienfaits sur la santé humaine. En effet, les médecins et les chercheurs ont démontré vers 1960 que le bore contribuait à la réduction des douleurs arthritiques. Les scientifiques ont également constaté qu’il contribue à l’amélioration de l’absorption du calcium et la réduction de la densité osseuse chez des femmes atteintes d’ostéoporose. Pour cela, il était proposé en supplémentation.

 

En 2007, des chercheurs américains ont découvert une corrélation entre une teneur élevée en bore dans l’eau du Texas et le risque réduit de cancer de la prostate. Des études préliminaires menées récemment ont aussi indiqué qu’une supplémentation en bore augmentait le taux d’œstrogènes dans le sang chez les femmes en post-ménopause.

 

Présentation du bore

Le bore compte parmi les oligo-éléments présents naturellement dans le sol, les eaux et les aliments. Il est un constituant naturel de certaines roches et est présent en abondance dans les océans. Il trouve son origine dans les régions arides de la Turquie, des Etats-Unis, de l’Argentine, du Chili, de la Russie et du Pérou. Il est obtenu principalement par extraction minière dans ces pays. Le bore est un élément non métallique, omniprésent dans la nature. D’ailleurs, on en trouve dans plus de 80 minéraux. Il s’infiltre dans l’environnement à la suite de l’érosion des roches contenant du bore ou par évaporation de la mer sous forme d’acide borique. Sa présence dans la nature peut aussi s’expliquer par les activités volcaniques et géothermiques.

 

Ce minéral est utile aux végétaux et aux animaux. En effet, il assure leur croissance et leur développement. Chez l’homme, il peut être administré par voie orale pour faciliter son absorption. Il sera alors assimilé intégralement puisqu’il ne subit aucun processus métabolique après avoir été ingéré. Qu’il soit administré par voie veineuse ou orale, sa demi-vie d’élimination est de 21 heures. Seule une infime quantité s’accumulera dans les os. Dans un autre registre, le bore est largement utilisé dans le secteur industriel. Il sert dans de nombreux domaines dont la métallurgie, la fabrication de verre ou de céramique et la savonnerie, mais aussi pour la formulation des détergents et des pesticides. Le bore peut alors contaminer les eaux et les sols. Cela explique le fait que la teneur en bore dans l’eau du robinet et des eaux de source soit limitée à 1 mg par litre. Il faut savoir que le bore n’existe pas sous sa forme brute dans la nature. Il est toujours combiné avec l’oxygène et forme de l’acide borique, des sels boriques et des borates. D’ailleurs, il existe plusieurs formes de borates telles que le borax et le perborate de sodium, ainsi que la colémanite et les minéraux ulexites.

 

Caractéristiques et propriétés chimiques du bore

Le bore possède le numéro atomique 5. Ce non-métal conduit l’électricité et peut se présenter sous forme d’amorphe ou de cristalline. La forme cristalline est une poudre dont la couleur varie du marron au noir. Dans le milieu naturel, le bore se trouve sous deux formes isotopiques stables de poids atomiques respectifs de 10 et 11. À cause de la présence d’oxygène et d’azote, le bore est un agent métallurgique dégazant. Il présente alors une grande réactivité à haute température. En effet, il entame sa fusion à 2300 °C et son ébullition à 2550 °C.

 

Utilisation du bore

Outre le cadre de la médecine, le bore est aussi utilisé dans bien d’autres domaines. Par exemple, il sert d’absorbeur de neutrons dans les centrales nucléaires. On sait aussi qu’il est employé dans la formation de composés d’inclusion avec des métaux pour leur donner des propriétés mécaniques particulières. Dans ce cas, le bore est souvent associé avec le titane. Entre autres utilisations, le bore est aussi employé pour doper les effets du silicium des semi-conducteurs. En effet, un atome de bore va apporter une lacune soit un semi-conducteur de type C.

 

Par ailleurs, l’oxyde de bore, les borates et l’acide borique sont utilisés dans la fabrication des verres à faible coefficient de dilatation et des verres borosilicatés comme le Pyrex. Ils sont aussi utilisés en tant que fondant pour les émaux, pour la soudure en métallurgie, ainsi que dans la préparation des nitrures et carbures de bore.

 

Le bore, à quoi ça sert pour l’organisme humain ?

Le bore tient plusieurs rôles dans l’organisme. Il participe à la métabolisation du calcium, du cuivre et du magnésium. Il améliore aussi l’absorption des acides aminés, du glucose, des triglycérides et des œstrogènes. En outre, il assure le transport des sucres, la synthèse des cellules pariétales et le processus métabolique de l’ARN. Le bore intervient également dans la formation des globules rouges, dans l’érythropoïèse, ainsi que dans le bon fonctionnement du cerveau et du système immunitaire. Par ailleurs, le bore contribue à la combustion des graisses. Soutenant les cellules, il participe à la lutte contre les dérivés réactifs de l’oxygène qui sont considérés comme toxiques pour l’homme.

 

En outre, cet oligo-élément possède des propriétés anti-inflammatoires et antiseptiques. Il a donc des effets positifs sur les os, notamment dans le cadre de la calcification et de la stabilisation de la masse osseuse. Il est important de noter que ce sont les effets du bore sur le calcium qui explique ses impacts positifs sur le métabolisme osseux. Il réduit ainsi les risques de maladies osseuses comme l’ostéoporose et l’arthrose.

Certaines études ont montré que le bore a un effet positif sur le développement embryonnaire précoce. En effet, il stimule la croissance embryonnaire et augmente le taux de nidation. Le bore est ainsi indispensable à la fonction reproductrice et au développement du fœtus. Un régime alimentaire riche en bore permet de bénéficier d’une bonne fonction cérébrale et d’avoir une importante performance cognitive. Celle-ci stimule l’attention et la mémoire à court terme, et permet d’avoir de bonnes performances dans l’exécution des tâches manuelles. Par ailleurs, le bore agit favorablement sur le foie et sur les reins. Il équilibre également les niveaux hormonaux aussi bien chez les hommes, que chez les femmes.

 

Parmi les propriétés du bore, on peut aussi citer sa capacité à réduire l’hypertension artérielle et son effet relaxant musculaire. Pour cette raison, le bore augmente la récupération musculaire après des exercices ou des efforts physiques intenses. Il aide également à augmenter la masse musculaire.

 

Indications médicales sur le bore

À la fin des années 1990, la supplémentation en bore était recommandée pour prévenir ou traiter l’ostéoporose. Des chercheurs ont suggéré de le prescrire sous forme de compléments alimentaires aux femmes ménopausées afin d’assurer leur santé osseuse. On le propose aussi pour favoriser la guérison dans le cas d’une fracture. Il est également conseillé pour soulager les symptômes qui accompagnent la période de ménopause ainsi que le syndrome menstruel.

 

Le bore est aussi indiqué en cas de cancer de la prostate chez l’homme. D’après une étude menée sur 8720 hommes, les chercheurs ont en effet déduit que ceux qui consommaient du bore en quantité notable avaient un risque de cancer de la prostate réduit de 50 %, comparé à ceux qui en consommaient peu. L’explication est que le bore a un impact sur le taux d’hormones stéroïdes. L’insertion d’acide borique dans les cellules de la prostate permet également de bloquer la prolifération des cellules cancéreuses.

 

Le bore est également utilisé pour le traitement des troubles buccaux. Il s’avère qu’il permet de soigner les aphtes et les candidoses buccales, lorsqu’il est utilisé sous forme de borax ou de borate de sodium. En ophtalmologie, il est aussi employé dans le traitement d’appoint des conjonctivites. Les solutions d’acide borique servent en effet d’antiseptique pour réaliser un lavage oculaire en cas d’irritation conjonctivale.

En outre, le bore peut être prescrit en cas d’herpès génital, de vertiges en descente lorsque vous prenez l’avion ou un ascenseur. Il peut également être préconisé dans le cadre d’une sensibilité excessive aux bruits. Il est utilisé pour prévenir et réduire les infections cutanées.

 

On conseille la prise de bore pour améliorer la concentration et la capacité d’apprentissage. Il est aussi conseillé chez les sportifs pour favoriser la récupération et la relaxation musculaire.

 

Focus sur la carence en bore

Au niveau des végétaux, une carence en bore peut endommager le tissu de la plante et inhiber sa croissance. Les feuilles et les fleurs vont alors se recroqueviller. Les pousses vont brunir et mourir.

 

Chez l’homme, un déficit en bore peut provoquer de multiples problèmes de santé comme l’hyperthyroïdie, le déséquilibre des hormones sexuelles, l’ostéoporose et l’arthrite. Il corrige également les anomalies dans le fonctionnement du système nerveux.

 

Quid d’un apport excessif en bore et de sa toxicité

Chez les animaux mâles, l’excès de bore diminue le poids des testicules. La dose susceptible d’entraîner une intoxication aiguë mortelle chez les animaux en général, se situe entre 400 et 900 mg. Ce sont les voies reproductrices qui seront affectées. Les principaux effets néfastes observés sont l’augmentation des risques de malformations cardiovasculaires chez les fœtus, les malformations squelettiques et celles du système nerveux central. Il peut s’agir d’hypertrophie des ventricules latéraux du cerveau, d’hydrocéphalie ou d’augmentation des résorptions fœtales.

 

On a également constaté des cas d’intoxication au bore chez l’homme. En général, le bore est facilement absorbé par l’organisme. Normalement, le corps peut l’évacuer sans difficulté par l’urine. Cependant, en cas d’apport excessif en bore, il est possible que la personne présente de nombreux symptômes. Selon les cas, elle peut être sujette à des nausées ou à des vomissements, se sentir très faible et présenter des dermatites. Les symptômes digestifs comme les douleurs abdominales ont aussi été observés. Parfois, il est même possible que la personne qui présente un excès de bore souffre d’anomalie du squelette. À très forte dose, des crises d’épilepsie, voire de confusion mentale, peuvent se manifester.

 

Néanmoins, il faut préciser que le seuil de toxicité chronique du bore chez l’humain n’est pas encore connu. Certaines études et données affirment qu’il est relativement élevé. En ce qui concerne la toxicité sur le système reproducteur, les données sont encore limitées sur les symptômes manifestes de la toxicité du bore chez l’homme. Toutefois, une étude menée sur des ouvriers russes exposés à de fortes quantités de sels boriques, sous forme de vapeurs et d’aérosols, pendant plus de 10 ans a permis de faire des observations pertinentes. Ces hommes travaillaient dans le secteur minier borax et dans la production de borax ou d’acide borique. Les chercheurs ont constaté qu’ils présentaient une faible numération de spermatozoïdes, une réduction de leur mobilité, un changement dans la composition du fluide séminale et une baisse de la fonction sexuelle.

 

Les aliments riches en bore

Comme les besoins en bore sont largement couverts par l’alimentation, il est nécessaire de connaître les principaux aliments riches en bore. Il faut savoir qu’à l’instar du sélénium, la teneur en cet oligo-élément dans un aliment dépend de la richesse du sol lui-même en bore. Dans tous les cas, le bore est présent sous forme d’acide borique ou de borate dans les aliments.

 

On en trouve notamment dans la plupart des fruits. Il est présent à un taux élevé dans la poire, les raisins rouges, les raisins secs, les prunes, les kiwis, les dattes et les avocats. Par contre, les fruits du genre citrus ne contiennent pas de bore. La poudre de cacao, la tomate, le soja et les noix comme l’arachide sont aussi très riches en bore. En outre, cet oligo-élément est présent dans les légumes tels que les pois, les haricots, les groseilles, les lentilles, les pommes de terre et les oignons. On en trouve surtout dans les légumes à feuilles comme la laitue, le chou, le poireau et le céleri. À titre d’exemple, le radis et la betterave rouge en contiennent 2,1 mg dans une portion de 100 g, tandis que 100 g de raisins secs renferment 1,2 mg de bore.

Le vin est aussi une bonne source de bore, de même que les champignons cultivés. Ces derniers peuvent apporter 5 mg de bore par 100 g.

 

Comment assurer la disponibilité du bore dans le sol afin d’obtenir une haute teneur en cet oligo-élément ?

Comme il a été dit plus haut, la teneur en bore dans les aliments dépend de celle dans leur sol d’origine. La disponibilité de ce minéral dans le sol dépend, quant à elle, de plusieurs phénomènes. Elle est influencée par l’activité biologique, la température, le niveau de pH et la présence de matières organiques. Les inondations et la sécheresse peuvent engendrer des carences en bore dans le sol. La température influe énormément sur la faculté d’une plante à absorber du bore. Lorsque l’activité biologique du sol ralentit, cela a pour conséquence de diminuer très rapidement la teneur de bore disponible. Il faut aussi noter qu’un sol avec un pH neutre minéralise difficilement le bore. En effet, il est plus facile de solubiliser le bore dans un sol léger et acide que dans un sol lourd et chaulé. La mobilité et la disponibilité du bore sont également influencées par la matière organique qui est présente dans le sol. On a observé qu’un sol à tendance sableux et pauvre en matières organiques va contenir un bore qui se lessive plus vite.

 

Lorsqu’une carence en bore est détectée dans un sol, il faut procéder rapidement à une fertilisation borique. Pour ce faire, il est possible d’utiliser des engrais en bâtonnets, des engrais liquides ou en granulés.

 

L’essentiel est que le fertilisant utilisé soit riche en bore. Afin de corriger le pH, il est conseillé de faire un amendement en compost de fumier. Il est aussi possible d’arroser le sol par pulvérisation directe de celui-ci. Associez le traitement avec l’utilisation du purin d’ortie et de consoude. Enfin, il est important de stimuler l’activité biologique du sol.

 

Besoins recommandés en bore

Dans les faits, il n’y a pas d’apport quotidien recommandé en bore. Normalement, une alimentation bien équilibrée est suffisante pour fournir les besoins en bore de l’organisme et l’aider à en absorber jusqu’à 3,25 mg par jour. Pour mémoire, un adulte a besoin de consommer 2000 calories par jour, via notamment des aliments riches en bore. L’Agence française de la sécurité sanitaire de l’alimentation, ou Afssa, ont néanmoins estimé que l’organisme a besoin d’un apport minimum de 0,5 à 1 mg de bore par jour, pour éviter une carence. Cette valeur est donnée pour un adulte. Pour prévenir l’ostéoporose, certains scientifiques recommandent de consommer entre 3 et 6 mg de bore par jour, de préférence sous forme alimentaire.

 

En cas de carence en bore, notamment lorsque la personne n’absorbe pas plus de 0,25 mg de ce minéral au quotidien, il est essentiel de prévoir une supplémentation en cet oligo-élément. Cela permet d’éviter tous risques de maladies graves.

 

Complément alimentaire au bore

En cas de carence en bore, d’ostéoporose ou d’arthrose, il est conseillé de suivre une cure de 5 semaines à base de compléments alimentaires. En général, le bore est consommé pur, sans avoir besoin de le laisser sous la langue ou de le diluer.

 

En cas de doute, il est recommandé de s’en remettre aux prescriptions de son médecin ou de son pharmacien. Les compléments alimentaires ne sont pas un substitut à une alimentation équilibrée. Il faut donc suivre un mode de vie saine et adopter une alimentation variée pendant la cure.

 

Précautions d’emploi

Il est important de respecter les dosages prescrits pour éviter un surdosage. Le cas échéant, il faut immédiatement arrêter le traitement et consulter son médecin traitant dans les plus rapides délais.

 

Chez les personnes atteintes de problèmes rénaux, le bore a tendance à s’accumuler dans le cœur, dans les reins, dans le cerveau ainsi qu’au niveau des tissus. Par conséquent, elles doivent rester prudentes concernant la prise de supplément en bore à de fortes concentrations.

 

En théorie, une supplémentation en bore est susceptible d’augmenter les effets d’un traitement aux hormones de remplacement. Il faut savoir que la prise en simultané de plusieurs oligo-éléments avec les compléments alimentaires au bore n’est pas déconseillée, dans ces cas-là. Cependant, il faut éviter de prendre du sélénium ou du soufre avec le bore. Il en est de même pour d’autres oligo-éléments.

 

Contre-indications et effets secondaires

Les compléments alimentaires en bore sont contre-indiqués aux enfants de moins de trois ans. En revanche, le bore ne présente aucune toxicité chez les adultes, jusqu’à 20 mg par jour. Néanmoins, des doses excessives de plus de 1000 mg de bore par jour pourraient perturber l’équilibre et le fonctionnement du système digestif. Elles risquent donc de causer des irritations cutanées. Certaines personnes souffrent même de perte de cheveux. C’est pour cela que les autorités médicales américaines et canadiennes ont fixé la quantité quotidienne la plus élevée que l’on peut prendre de façon continue sans risquer de souffrir d’effets indésirables.

 

Apport maximal journalier en bore

Chez les enfants de 4 à 8 ans, la dose maximale est de 6 mg. Elle est de 11 mg chez les enfants de 9 à 13 ans. Pour les adolescents de 14 à 18 ans, l’apport maximal toléré en bore est de 17 mg. À l’âge adulte, il est possible de prendre jusqu’à 20 mg. Il est important de respecter ces proportions pour éviter tous risques de surdosage.